Mot pour Jacques


Mon cher Jacques,

Tu viens dans cette église depuis plus de 70 ans.
D'abord avec tes parents puis avec Aliette depuis bientôt 50 ans.
Je me réjouis que l'Eglise St Augustin t'accueille encore aujourd'hui comme tu l'avais souhaité.

Tu es encore plus chez toi, ici, aujourd'hui qu'hier.

*    *
*

Permets moi de te dire quelques mots.


Au moment de ton mariage avec Aliette tout semblait vous éloigner, toi le citadin et elle la campagnarde...

Bien sur vous étiez tous les deux dans l'enseignement: Aliette jardinière d'enfant et toi titulaire de la chaire de physique de Reims, Directeur d'un laboratoire de recherche préparant des élèves pour l'Agrégation.. ce n'était pas tout à fait le même niveau...

mais ta force c'était ta modestie.

Quand  il n'y avait ni internet ni téléphone portable,  parfois dans les discussions on se posait une question ...
alors... on demandait à Jacques....

 et tu donnais la réponse avec toujours une certaine retenue en disant je crois que...

Toutes  tes publications scientifiques, tes prises de parole dans les congrès, te récompensaient de ton travail, t'apportaient beaucoup de satisfaction mais jamais d'orgueil.

Tu restais toujours simple et accessible.


Je pense aussi à ta générosité.

Ton sens de l'économie pour ton confort personnel n'avait d'égal que ton extrême générosité.

Ta générosité ne se cantonnait d'ailleurs pas à donner de l'argent aux oeuvres....ou à ceux qui en avaient besoin.

 Tu donnais également de ton temps, sans compter, à tous ceux qui te sollicitaient:

Avec tes neveux, tu étais toujours attentif, disponible, très gai et beaucoup m'ont déjà écrit, téléphoné ou exprimé de vive voix leur attachement à ton égard et me témoigner ainsi leur affection pour toi.

 Le 6 décembre dernier tu envoyais encore un message aux Etats-Unis à ton neveu Nicolas pour sa fête.

Quand Aliette a commencé à aller moins bien, tu as toujours fait preuve d'une grande patience tu ne t'es pas replié sur toi.

Tu as continué à exprimer ta gentillesse envers ceux qui prenaient soin de vous deux.




 Je me souviens ainsi du champagne que nous avions bu un dimanche après la messe en l'honneur d'une auxiliaire de vie dont c'était la Fête. Elle n'en revenait pas...
 Cette attention aux autres c'est beaucoup plus fort qu'une oeuvre charitable, c'est tout simplement l'amour de son prochain.
*   *
*


Tu as supporté sans trop d'amertume ta séparation avec Aliette lors de ton hospitalisation à Ste Périne mais jusqu'au bout tu t'es inquiété de sa maladie.

Tu n'étais jamais abattu, jamais d'état d'âme sur ton passé.

Quand je te demandais . Jacques As tu le moral? tu me répondais toujours positivement en disant qu'il y avait des gens plus malheureux que toi.
 Aucune révolte mais aucune résignation non plus: tes neveux, Paul et Isabelle, qui venaient souvent te voir étaient témoins, comme moi, que tu  râlais fort quand le débit de ta connexion internet était trop faible...

En fait tu aimais profondément la vie et tout ce qui t'y rattachait.



Et la foi?

J'avais assisté à une conversation que tu avais eue avec un membre de l'équipe d'aumônerie d'un hôpital dont j'ai oublié le nom. Tu avais posé de nombreuses questions sur la vie éternelle.

 Dans un premier temps j'avais été surpris et étonné de ces interrogations dans ta bouche, connaissant ta grande foi.

Mais  qui ne s'interroge pas sur la vie éternelle?



La dernière fois que je t'ai vue et que tu pouvais encore t'exprimer ta dernière question a été comment va Aliette?


Aujourd'hui je peux te répondre:
 prends bien soin d'elle
et prends bien soin de nous tous aussi.

Comme tu l'as souhaité tu reposeras auprès de tes parents et de ta famille sur ta bonne terre de Limoux.

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